À quelques mois de la présidentielle, la démocratie au Bénin inquiète les habitants du pays. La société civile et la partie opposée contestent les nouvelles règles du scrutin d’avril 2021 et dénoncent l’adoption d’un arsenal juridique antidémocratique.
Les représentants de la société civile mettent en garde la présidentielle béninoise contre un scrutin dont les jeux seraient faits d’avance. En effet, ils accusent le président Patrice Talon d’avoir tout planifié pour choisir ses adversaires dans la course à la magistrature suprême. Quatre ans après l’arrivée au pouvoir de l’homme d’affaires, le symbole d’une démocratie vacille chaque jour un peu plus.
Bénin : démocratie « en péril »
Les opposants de Patrice Talon lui reprochent d’avoir réalisé un tournant autoritaire. Selon eux, il a fait adopter plusieurs lois pour limiter le champ d’action de l’opposition. Ce mouvement a été engagé lors des élections législatives qui ont eu lieu le mois d’avrilen 2019. A savoir que seuls les deux partis de la mouvance présidentielle ont été autorisés à présenter des listes.
En novembre de cette même année, les députés proches du président qui disposent d’une grande majorité à l’Assemblée ont passé une révision constitutionnelle. Cette dernière a introduit la nécessité d’obtenir seize parrainages d’élus avant de déposer leur dossier. Cependant, les 170 maires et députés béninois sont quasiment tous dans le camp du président et leur légitimité est remise en cause.
Ainsi, les partis de l’opposition ont été exclus des dernières élections législatives et municipales à la faveur de règles qui ont été adoptées par la majorité. Ils ne peuvent pas, dans ces conditions, avoir de candidats à la présidentielle.
De son côté, les membres de l’opposition s’estiment directement attaquée. En 2018, la nouvelle juridiction, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), a visé plusieurs personnalités. Notamment, Koutché, ex-ministre de l’Économie, et Sébastien Ajavon, un homme d’affaires.
Tous deux sont depuis en exil et ont été déclarés, de fait, inéligibles par une décision de la Cour constitutionnelle.
La démocratie au Bénin : pouvoir
Pour les protecteurs des droits humains, ce nouveau souffle politique détruit la liberté. Un Code pénal sur le numérique et rénové a en effet été adopté pour encadrer la liberté de communication et de réunion en ligne.
À Cotonou et dans d’autres villes du pays, les citoyens réclament des élections inclusives, fustigeant l’absence de l’opposition. Dans la foulée, l’ONG Amnesty International estimant dans un communiqué que « la répression atteignait des proportions inquiétantes au Bénin ».
À l’aube d’une présidentielle, certains s’inquiètent que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Autrefois victime de la démocratie en Afrique de l’Ouest, le Bénin est salué pour son esprit de consensus et par l’ouverture de son jeu politique. Maintenant, il est de plus en plus pointé du doigt.
Democratie au bénin : virage totalitaire
Les Béninois ont du mal à y croire. Un parlement sans aucune voix dissidente s’apprête à s’installer dans leur pays, comme à l’époque du parti unique. L’opposition dénonce une « décapitation de la démocratie » et appelle la population à la résistance.